Un débat qui prévaut maintenant à travers le pays d’Haïti est la question de la dissolution définitive ou non de l’armée Haitienne. Le problème y a été tout récemment mis en marche quand d’un côté le président élu du pays, René Préval, a fait comprendre après sa tournée sud-américaine qu’il serait en faveur d’une dissolution permanente de l’armée haitienne et quand de l’autre côté la commission citoyenne nationale de réflexion sur les forces armées d’Haïti a préconisé la réorganisation immédiate et graduelle des forces armées d’Haïti avec un effectif de départ de 2750 hommes.
Le but de l'Armée, a rappelé Préval, c'est de faire la guerre, protéger des territoires ou conquérir de nouveaux territoires. A son avis, à l'heure actuelle, les conflits entre Etats se règlent généralement par le dialogue; et le président élu a dit ne pas croire que les haïtiens soient intéressés à faire la guerre. "Pourquoi ne pas allouer les fonds qui entretiendraient cette armée à l'éducation, à l'agriculture, aux infrastructures et à la santé en vue d'améliorer les conditions de vie de la population qui croupit dans la crasse", a lancé René Préval. « C'est un peu léger, a-t-il souligné, de tenter de justifier l'utilité d'une armée par des tâches de reboisement, et des secours à fournir lors de catastrophes naturelles. Il a estimé toutefois qu'Haïti pourrait avoir une gendarmerie pour la garde des frontières, la surveillance des bâtiments publics, et des interventions en cas de catastrophes. » (AHP)
Cela va sans dire que les opinions sont partagées en Haïti et sûrement dans la diaspora haitienne.
Au cours des siècles, la forme et l’importance des armées ont reflété la démographie, l’évolution technique, la richesse et également le type de société dont ces armées sont issues.
« Les forces armées représentent les différentes organisations et moyens militaires qu'un Etat consacre à la mise en oeuvre de sa politique de défense. Leur mission première est d'assurer la sécurité de l'Etat, la défense de ses intérêts et la protection de ses populations et territoires vis-à-vis d'une menace extérieure. Elles peuvent également recevoir des missions de maintien de la paix, dans un cadre international. En général, elles participent également à la mise en oeuvre d'autres politiques publiques : politique étrangère, sécurité intérieure, sécurité civile, santé publique, sauvegarde maritime, protection de l'environnement...
Dans certains pays, elles regroupent des forces spécialement dédiées à ces missions de sécurité intérieure ou de police et comprennent alors des forces de gendarmerie ou des forces paramilitaires (garde-frontières, garde-côtes,...).
Les forces armées ne sont pas toujours nationales, un Etat peut faire appel à des mercenaires ou à des Société militaire privée. » (Wikipédia)
En Haïti, après les guerres d’indépendance et les campagnes militaires contre la République dominicaine (1843), l’armée Haitienne était devenue un instrument politique au service de l’homme au pouvoir, un outil de répression interne contre les opposants à l’homme au pouvoir jusqu'à ce qu’elle fut émasculée par Duvalier père qui se servit de sa milice (les Tontons Macoutes) pour en arriver à cette émasculation. Mais après les Duvaliers, l’armée a repris son rôle d’avant : cette fonction politique liée à (ou liguée contre) l’homme au pouvoir. D’où les coups d’Etat à répétition dont le pays a été victime tout le long de son histoire.
Préval a donc raison quand il parle de cette armée telle que nous la connaissions en Haïti : répressive, cruelle, irresponsable, corrompue et soudoyable, dépourvue du professionnalisme requis pour une 'bonne institution'.
Mais quand nous partageons l’île avec un autre pays qui possède une armée forte de 44.000 hommes (seconde armée dans la région après Cuba), on doit se demander s’il n’est pas trop « idéaliste » quand il dit que les nations règlent généralement les conflits par le « dialogue ». Pourquoi y a-t-il alors tant de conflits (frontaliers et en rapport avec le commerce illégal des stupéfiants) à travers le monde ? Exemple : Iran vs Irak ; Koweït vs Irak ; Inde vs Pakistan ; l’Ouganda vs Soudan, Kenya, Congo, etc.
Un état souverain doit être capable de défendre ses territoires et ses frontières ; capable aussi de défendre ses citoyens contre les aventures d’un autre pays ou les aspirations militaristiques et folles d’un chef d’Etat étranger. Le pays ne peut pas donc se fier uniquement aux bonnes paroles ou aux bonnes intentions des autres (ou ???des Nations Unies).
Il est vrai qu’Haïti est un pays pauvre qui doit mettre toutes ses ressources au service de son peuple. Mais le pays doit pouvoir prioriser ses besoins. Rejeter d’un revers de la main ses besoins sécuritaires au profit d’autres besoins relèverait de la pure irresponsabilité.
A moins que la République dominicaine se désarme elle aussi!!! Nous nous demandons si ce pays est parmi les autres qui ne savent que faire de leur armée, comme le président élu a laissé entendre.
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Lire en cliquant ici un autre article qui prend le contre-pied de l'opinion que j'ai émise plus haut. C'est un peu ça la démocratie; différents points de vue comptent... et puis la majorité décide.